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Chaque mois, une sélection totalement arbitraire d’articles ou sujets en lien plus ou moins fort avec l’immobilier, l’architecture, et le numérique (parce que j’adore les jeux vidéo…)

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Par François CHARTIER
7 mars · 6 mn à lire
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💾 A skis ou sur l'ordi / n°17

MIPIM 2024, adaptation des stations de ski au dérèglement climatique, foncière d'état et pour les abonnés (gratuits) : l'IA dans l'immobilier et la semaine en 4 jours !

Avant toutes choses, merci à vous toutes et tous qui me lisez ! C’est un plaisir de vous voir chaque mois plus nombreux à vous abonner et surtout, à pouvoir en parler avec vous. N’hésitez pas, si vous le souhaitez, à forwarder cette newsletter à qui vous pensez qu’elle pourrait être utile. On réfléchira bientôt à un système de parrainage avec gain de photos dédicacées pour 10 parrainages mais d’ici là, le bouche à oreille marche au top ! Bonne lecture !


1. Un MIPIM pour quoi ? pour qui ?

Il revient à nouveau, il sent bon le sable chaud et les drames à gogos : le MIPIM revient à Cannes du 11 au 14 mars 2024. Dans un contexte marqué par des crises multiples, l'événement aura sûrement une couleur et une ambiance particulière et nous pouvons nous demander quoi en attendre. Avec un peu plus de 19000 participants inscrits à l’heure de ces lignes (donc environ 18% de moins à date), quelques tendances prévisibles :

  • Logement durable: Ce sera la grande nouveauté cette année, le sommet “Housing Matters !” mettra l’accent sur les solutions innovantes pour un habitat écologique et accessible. Au programme, pas mal de conférences le mardi et notamment un tour du monde des bonnes idées. Parmi les intervenants, notons la présence de nombreux leaders privés et publics dont Klara Geywitz, ministre fédérale allemande du logement, du développement urbain et de la construction ainsi que les maires de Copenhague et Hanovre.

  • Focus élus : avec le 2e forum des Élus français qui réunira pour la 2e année maires, députés, conseillers départementaux ou régionaux et grands experts de la ville. Le MIPIM a créé l’an dernier ce temps de rencontres, d’échanges et de débats pour les élus présents ouvert à une sélection de dirigeants et investisseurs publics et privés, l’objectif étant là encore de partager les bonnes pratiques, surtout à 2 ans des prochaines échéances électorales.

  • Que peut-on faire ensemble pour en sortir ? Je paraphrase un ami qui m’a dit “à nous de faire de ce salon une réussite moins anxiogène que le SIMI”. L’intérêt principal des salons est de pouvoir faire cohabiter au même endroit des personnalités qui sont en général dans une relation “one-one” parfois un peu trop “classique”. Nous sommes nombreux à penser qu’une synergie efficace se doit d’exister entre élus, collectivités, aménageurs, promoteurs (dont le métier est attaqué, ne nous cachons pas), conseils, architectes, et évidemment utilisateurs et investisseurs. Gageons que ce soit l’occasion de le faire intelligemment.

Ce qu’on en retient : Beaucoup de conférences qui s’annoncent passionnantes, des rencontres à faire, évidemment, mais aussi une prise de recul nécessaire dans un contexte qui n’invite pas à festoyer outre mesure. Sûrement le plus particulier des MIPIM depuis 15 ans qui s’annonce.

Nb : le programme des TRES nombreuses conférences dispo ici. On notera la conférence sur les prochaines tendances en immobilier organisée par ULI ou encore, comment l’IA peut changer les territoires par Paris Saclay.


2. Prière de ne pas skier sur les pelouses

Certains y sont encore : les vacances d’hiver sont, pour certains, l’occasion de se rendre aux sports d’hiver ou tout simplement en station, siroter son génépi et avaler sa raclette. Deux actus se catapultent, et sont de nature à alerter sur un possible éclatement d’un marché très particulier.

D’un côté, la Cour des comptes, après l’audit de 43 stations, tire un constat assez alarmant des stations qui semblent ne pas avoir pris la mesure de l’avenir. Pour certaines, c’est assez clair : pratique impossible du ski d’ici à 2050. Le rapport est dès lors assez clair :

  • Vulnérabilité des stations de ski : L'évolution du climat, avec une diminution notable des précipitations neigeuses, menace directement l'économie des stations de montagne, particulièrement celles situées à basse altitude.

  • Impact économique : L'activité des stations de montagne est un moteur économique majeur, générant d'importantes retombées financières. Toutefois, la baisse d'activité ski due au climat fragilise cet équilibre. C’est donnant donnant, et du coup, le parc immobilier souffre de la baisse de l’activité. Bienvenue au concept des “friches” alpines !

  • Diversification et adaptation : Les stratégies actuelles de combat, notamment la production de neige artificielle, sont souvent coûteuses et ne représentent que des solutions temporaires. A noter le chiffre de 39% du domaine skiable en neige artificiel VS 19% en 2007 … mais VS 60% en Autriche ou … 85% aux USA ! Et c’est un cercle vicieux car au lieu de s’adapter, certaines stations cherchent toujours plus loin ou plus fort (production de neige par température positive).

  • Gouvernance et politiques publiques : Une révision des politiques publiques et de la gouvernance est nécessaire pour mieux répondre aux défis actuels. Concrètement, les municipalités, seules concernées à date n’arriveront pas à faire face à ce qui va leur tomber sur la figure (spoiler : non, pas de la neige).

De l’autre côté, l’explosion des prix dans certaines stations. La règle de base en immobilier (l’emplacement, l’emplacement, l’emplacement) combinée à la neige qui se fait rare donne le fameux adage : ce qui est rare est cher … BOUM : +20 % des prix dans les Alpes du Nord. Un prix moyen supérieur à 15 000 € / m². Vous la voyez venir quand même, à terme, la petite bulle ? Sauf si tous les skieurs semi pro vacanciers deviennent à terme des mangeurs de fondues sur herbe … mais ça reste à prouver.

Ce qu’on en retient : des actions d’adaptations sont en cours. Mais comme en immobilier, vont-elles dans le bon sens ? De toute manière, il n’y aura pas le choix.


La cité administrative de Lille : (somptueux) exemple de la rénovation de l'immobilier d'Etat à venirLa cité administrative de Lille : (somptueux) exemple de la rénovation de l'immobilier d'Etat à venir

3. L’Etat c’est eux !

Il est des informations qui bizarrement, passent en dessous des radars alors qu’elles sont de nature à modifier assez profondément des fonctionnements établis. Le démarrage des travaux visant à la création d’une “foncière d’état” en fait partie.

A l’origine, rappelons-le, un énorme mammouth de plus de 191 000 bâtiments, 94 000 000 m² bâtis, et environ la moitié de la surface du Portugal en foncier. Le voici, le voilà : le foncier d’État. Pour le “gérer” (je mets les guillemets volontairement car la notion est complexe), l’AGILE, Agence de l’Immobilier de l’État qui a pris la suite de la SOVAFIM.

Outil au service de la politique immobilière de l’État, l’Agence déploie son savoir-faire en matière d’opérations de gestion et de valorisation immobilière du patrimoine public.

En parallèle et sans rentrer dans les détails, on trouve évidemment la Direction de l’Immobilier de l’Etat et le Conseil de l’Immobilier de l’Etat (à la composition représentative des différentes parties prenantes).

Ce dernier conseil s'est réuni le 29 février, sous la présidence de Jean Paul Mattei, et en présence du ministre délégué chargé des Comptes publics, Thomas Cazenave et du directeur de l'immobilier de l’État, Alain Resplandy-Bernard. A cette occasion, le ministre a présenté le projet, piloté par la DIE, de création d’une foncière publique interministérielle. Quelques grandes priorités sont visées :

  • Des économies substantielles sur les charges d'exploitation et les factures d'énergie;

  • Une réduction des émissions de gaz à effet de serre et une contribution à la lutte contre le changement climatique grâce à la transition écologique du parc immobilier ;

  • Une amélioration du bien-être des agents publics et de leur productivité en s’adaptant aux mutations du travail ; mais aussi une sobriété immobilière (24 m² par agent à date soit le double d’un ratio classique) ;

  • Un développement territorial plus équilibré en investissant dans des zones défavorisées.

L’intérêt : répondre très concrètement à la Cour des comptes qui, en fin d’année dernière avait pointé  la nécessité de remettre de la cohérence dans la gouvernance mais aussi de rationaliser le pilotage. Appelée de leurs vœux par de nombreux acteurs étatiques, cette “foncière” pourrait, comme ailleurs en Europe, rationaliser grandement le fonctionnement de l’immobilier d’État.

Ce qu’on en retient : derrière le foncier impressionnant de l’Etat, ce dernier s’organise et se structure. Par les profils qui sont recrutés, par leur diversité et leurs champs d’action, notons une belle initiative malheureusement trop peu diffusée. Elle pourrait, à terme, à la fois dégager du foncier attractif pour d’autres besoins (je ne vous fais pas l’affront de vous rappeler à quel point on manque de logements), et à la fois rationaliser efficacement son coût de fonctionnement et son utilisation.


Crédit : Le TélétravailleurCrédit : Le Télétravailleur

4. La semaine en 4 jours

L’actualité de ce début d’année a été bien évidemment la nomination du nouveau Premier ministre, comme nous le voyions le mois dernier, et son discours de politique générale.

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